N’avez-vous jamais déjà pensé à cette phrase ? Ou bien encore « je l’avais prévu » ? Vous avez été tout bonnement été frappé par le biais de rétrospection.

En quoi consiste-t-il ?

Ce biais se définit par le fait de surestimer la probabilité qu’un événement arrive après qu’il se soit déroulé. Vous avez alors l’impression que cet événement était prévisible, voire même évident. Pourtant avant qu’il ne se passe, les probabilités des alternatives de même valeur semblaient tout aussi envisageables les unes que les autres.

Pour illustrer ce biais, prenons un exemple, un couple se rend dans une bijouterie. L’un des deux demande à l’autre de choisir parmi la gamme de bijoux qui se présente devant eux. Il choisit alors et l’autre s’écrie « Ah, je savais que tu allais choisir celui-là ! Tu adores le mauve ». Pourtant la personne concernée adore tout autant le mauve, que les chaînes dorées ou le diamant. Devant la panoplie de bijoux présentés elle aurait pu en choisir un autre correspondant également à ses goûts.

Durant une recherche menée en 1984 par Conway et Ross, des étudiants ont été divisés en deux groupes. L’un reçoit un programme censé améliorer les compétences d’apprentissage et l’autre est placé en liste d’attente pour ce même programme.

Avant de passer ce dit programme, chaque étudiant doit évaluer lui-même ses compétences d’apprentissage. Ces deux groupes ont des niveaux d’aptitudes similaires.

À la fin du programme, les élèves sont amenés de nouveau à s’auto-évaluer mais aussi de se souvenir de l’évaluation initiale qu’ils s’étaient donnés avant le programme. Alors que celui-ci était en réalité inefficace, les étudiants ayant suivi le programme se sont souvenus d’une auto-évaluation plus faible. L’autre groupe s’est souvenu d’évaluations similaires à la réalité.

Les étudiants ont ainsi reconstruit leurs souvenirs pour se conformer au résultat attendu à la fin de l’étude à savoir l’amélioration de leurs compétences.

Comment l’expliquer ?

Ce biais peut s’expliquer par le fait que le cerveau a tendance à vouloir rationaliser, n’aimant pas le hasard. Il cherche à rendre cohérent le présent avec le passé.

Il peut être directement lié au biais de confirmation que l’on a vu précédemment. En effet, ce dernier renforce le biais rétrospectif en cherchant des éléments et signes précurseurs qui expliqueraient la survenue de l’événement.

Quelles sont les conséquences ?

Nous subissons cet effet au quotidien, cela peut arriver pour les résultats d’une élection, l’arrivée d’un accident ou encore la maladie qu’un proche a soudainement contracté. Alors qu’il peut avoir des effets moindres dans la vie personnelle il peut en être autrement dans le domaine professionnel.

Alors qu’un expert dans un secteur reste un humain avant tout, il peut tout aussi bien l’appliquer sans s’en rendre compte dans son travail. Que ce soit dans le secteur médical, juridique, politique ou autre.

Ce biais a pour effet de déformer notre jugement mais aussi notre mémoire et nos souvenirs du passé. Le fait de connaître l’issue déforme la perception du passé et peut conduire à des erreurs de raisonnement. Neal Roese expert en psychologie nous avertit : « Si vous pensez que vous saviez quelque chose, vous ne chercherez pas à comprendre pourquoi cela s’est réellement passé. »

Malheureusement, il est presque impossible de l’éviter complètement. Nous pouvons seulement le réduire et essayer de garder l’esprit ouvert le plus possible.