Avec ses 58 réacteurs et ses 1100 sites renfermant des déchets nucléaires, le nucléaire représente 17% de l’énergie française et détient le record du pays le plus nucléarisé au monde par rapport au nombre d’habitants. La situation est, selon Greenpeace, catastrophique : « Les déchets sont le point faible du nucléaire, son talon d’Achille : l’industrie nucléaire jouit d’une image « fascinante » pour le public. […] Mais la question des déchets fait tâche dans la toute puissance de l’atome. Car aucune solution acceptable n’existe. »


Comprendre le nucléaire

Pour visualiser clairement ses enjeux, il est important de rappeler ce que sont réellement les déchets nucléaires, puisqu’ils se divisent en 3 groupes : 
Les déchets de faible activité, les déchets de niveau intermédiaire et les déchets de haute activités.

La première catégorie concerne les vêtements du personnel, les filtres à air et les équipements peu contaminés, il s’agit bien évidemment des déchets qui ont le moins d’impact sur l’environnement mais qui peuvent tout de même avoir des effets lorsqu’ils sont produits en grande quantité.

La seconde catégorie correspond aux tubes combustibles irradiés et aux produits chimiques provenant du traitement des déchets (par exemple).

La dernière catégorie est la plus dangereuse puisqu’il faut des centaines de milliers d’années pour que ces déchets de deviennent inoffensifs. Par exemple, il faut environ 200 000 ans pour neutraliser le plutonium, ce qui signifie que ce sont les générations futures qui vont devoir gérer ce problème.

Ces différentes catégories correspondent donc à des degrés d’alerte différents puisque les déchets ne sont donc pas traités de la même façon. C’est à ce moment qu’une problématique de taille s’impose.

Quelles sont les solutions aux problèmes des déchets radioactifs ?

Tout d’abord, le Plan national de gestion des matières et des déchets radioactifs pourrait apporter des solutions. Mis à jour tous les 3 ans, le PNGMDR détermine les objectifs à atteindre et dresse le bilan des modes de gestion existants des matières et des déchets radioactifs.

Cependant, le stock mondial de déchets radioactifs ne cesse d’augmenter avec la production d’énergie nucléaires « nulle part, aucune solution n’a été trouvée pour leur gestion à long terme » affirme Greenpeacedans un rapport publié mercredi dernier.

De plus une nouvelle variable vient d’entrer en compte : le 25 janvier 2019, le Gouvernement publie le projet de Programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE). Il a comme objectif de mener à bien la transition vers un système énergétique plus efficace. Cette transition doit être réalisée sans rupture, en donnant une trajectoire claire, argumentée, allant irréversiblement dans le sens du respect de l’environnement et du climat. Cette PPE dessine le chemin que le Gouvernement va emprunter au cours des 10 prochaines années.

Ainsi, le meilleur moyen pour réduire les déchets nucléaires serait peut-être tout simplement de réduire la production d’énergie nucléaire… Voir de sortir complètement du nucléaire et de passer complètement aux énergies renouvelables.

La question divise !

Faut-il enfouir ces déchets loin dans le sous-sol ? Faut-il les stocker de façon à ce qu’ils restent accessibles aux générations futures ? Existe-t-il d’autres solutions ?
Plusieurs idées ont été imaginées par le passé : Les jeter dans la mer ? Les envoyer dans l’espace, voire sur le Soleil ?
La première solution est bien évidemment trop dangereuse, la seconde est beaucoup trop chère et tout aussi risquée.

Ceux qui soutiennent le nucléaire rappellent que les centrales n’émettent pas de CO2, à l’inverse des énergies thermiques, comme le charbon et le gaz, qui contribuent au réchauffement climatique. Or pour les pro-nucléaires, réduire la part du nucléaire dans la production énergétique française conduirait mécaniquement à augmenter les émissions de gaz à effet de serre. Même si une sortie s’accompagnait d’un investissement massif dans les énergies renouvelables, ces dernières ne pourront jamais compenser totalement la perte du nucléaire. Ainsi, cela conduirait alors à augmenter la part des énergies thermiques dans le mix énergétique français.

Alors le nucléaire, c’est mieux pour l’environnement ? Oui, à en croire le rapport « The role of Nuclear Energy in a Low Carbon Energy Future », publié par l’OCDE en 2012. La conclusion du rapport, après avoir synthétisé de nombreux travaux scientifiques, est sans appel : « La production d’électricité nucléaire ne produit pas d’émissions de CO2, le plus important gaz à effet de serre tenu pour responsable du réchauffement climatique ».

D’après la revue de vulgarisation scientifique « Scientific American », le monde a même peu de chance de contenir le réchauffement climatique sous les 2 degrés Celsius sans l’énergie nucléaire. En bref, la planète devrait doubler ses capacités nucléaires d’ici à 2050 pour tenir ses objectifs.

Ceux qui sont opposés au nucléaire expliquent qu’il n’y a aucune solution valable sur le long terme pour se débarrasser des déchets nucléaires. Qu’enfouir les déchets n’est pas sans risques, les terres pourraient être contaminés et cela condamnerait les générations futures.

Ils rappellent qu’il y a des risques sur l’utilisation du nucléaire, la violence de la catastrophe de Fukushima le 11 mars 2011 en est la preuve. La centrale nucléaire fut endommagée par un tsunami précédé d’un tremblement de terre, et l’on estime que le pays ne s’est toujours pas remis de la catastrophe 6 ans plus tard.

La question du déchet nucléaire est aujourd’hui un sujet qui fait souvent débattre puisque les avis divergent sur la question, et les différentes “solutions” possibles entraînent souvent des conséquences non négligeables. L’avenir du nucléaire est donc encore incertain, mais une chose est sûre: il nous est actuellement impossible de quitter cette source d’énergie, et si mettre fin à l’utilisation de l’énergie nucléaire résoudrait de nombreux problèmes, il faut que ce détachement soit progressif sans pour autant être trop long. Savoir quelle méthode est la plus fiable reste donc au cœur des débats actuels.

** Article réalisé dans le cadre d’un exercice pédagogique de reportage avec des étudiants en première année.**