Cela fait quelques années maintenant que nous entendons tous parler de crypto-monnaie. Pour certains, cela résonne un peu comme un sujet lointain, futuriste, inaccessible quand on n’a pas un minimum de connaissances en informatique, et grand nombre d’entre nous préfère ne pas s’y intéresser. Pourtant, Facebook — géant du business sur Internet avec son réseau social — a décidé de se lancer dans la création de sa propre crypto-monnaie : Libra.

Mais puisque nous sommes très nombreux à avoir un profil sur facebook, mais très peu à faire l’usage des crypto-monnaies déjà existantes, nous sommes donc en droit de nous demander quels sont les objectifs de Facebook à proposer à ses utilisateurs ce service, quel est son intérêt ? Déroulez pour plus d’explications.

Tout d’abord : qu’est-ce que la crypto-monnaie ?

Afin que chacun d’entre nous parte sur les mêmes bases, rappelons en quelques lignes ce qu’est une crypto-monnaie et sur quel principe elle fonctionne.

Une crypto-monnaie est une monnaie dématérialisée. En gros, contrairement à des monnaies classiques (comme l’Euro, le Dollar, etc.), elle ne passe par des banques, mais est stockée dans des « porte-monnaie virtuels », eux-mêmes localisés sur ce qu’on appelle la Blockchain. La Blockchain fonctionne un peu de la même manière que le cloud, elle est décentralisée et contient des réseaux de transactions en stockant ces informations de manière totalement transparente et sécurisée.

Nous avons tous déjà entendu parler du Bitcoin, peut-être un peu moins de l’Ethereum, mais nous nous sommes forcément demandés quel était l’intérêt d’investir dans une de ces monnaies. L’avantage de ces monnaies est qu’elles ne sont prises en charge par personne, elles ne transitent pas au travers d’un tiers extérieur (gouvernements, banques), seul celui qui les a investis peut les utiliser, aussi bien dans des transactions virtuelles (achat en ligne) que pour les convertir en argent réel. Utiliser une monnaie virtuelle est l’un des meilleurs moyens d’avoir un contrôle total sur ses investissements, de ne dépendre de personne dans la gestion de son argent et d’éviter toutes formes de pertes.

Libra : Quand et comment ?

Libra devrait apparaitre d’ici mi-2020, selon les prévisions de Mark Zuckerber, PDG de Facebook. En plus de sa crypto-monnaie, Facebook lancera une association à but non-lucratif, l’Association à but non lucratif Libra, ainsi qu’une nouvelle filiale nommée Calibra. Le réseau social n’est pas tout seul derrière ce projet avec 27 partenaires (dont Visa, Paypal, ou encore E-bay)

Calibra sera là pour encadrer la crypto-monnaie. En prévision des reproches qui lui sont déjà faits concernant l’utilisation et la sécurisation des données, Facebook a pris les devants. Ce n’est pas lui mais Calibra qui gèrera l’ensemble des activités en lien avec la Libra et c’est via son application que les utilisateurs pourront acheter, vendre, stocker et utiliser des Libra. Couplé à cela, un porte-monnaie virtuel sera mis à disposition des utilisateurs sur Messenger et Whatsapp, pour leur permette de s’échanger de l’argent entre eux. Pour résumer, la Libra ne sera rien de plus qu’une crypto-monnaie traditionnelle ­— un nouveau moyen de paiement en dehors des circuits bancaires traditionnels — à ceci-près qu’elle transitera via les canaux du groupe Facebook.

Quel est l’intérêt pour Facebook d’avoir sa propre crypto-monnaie ?

Avec Libra, Facebook cherche à étendre son business-model. Avec une monnaie indépendante et utilisable sur sa plateforme, Facebook voit naitre une nouvelle source de revenus, ainsi qu’un nouveau moyen d’englober ses utilisateurs. En proposant ce système toujours plus large, les utilisateurs du réseau social n’auront plus besoin d’en sortir. Facebook pourra ainsi récolter des informations et données comportementales sur ses utilisateurs en suivant leurs comportements d’achat et les transactions qu’ils effectuent.

En ayant une monnaie à lui, le géant des réseaux sociaux prend sa place dans l’économie mondiale. Si Libra réussit à s’imposer comme une monnaie viable, et que de plus en plus de transactions ont lieu avec elle, les marques auront tout intérêt à investir dans cette monnaie, ainsi que dans la publicité sur Facebook. Le réseau social deviendrait alors une référence dans les transactions et achats en ligne. De plus, sur un terrain plus géopolitique, la Libra pourrait s’avérer être un bon moyen pour les États-Unis de renforcer la puissance de leur système financier.

Lors d’une prise de position devant le Congrès de Washington, le PDG défendait Libra en la citant comme un système innovant de paiement mondial, plus qu’une simple nouvelle monnaie, et la décrivait comme un moyen de faire baisser les coûts des transferts d’argent de par le monde, permettant aux plus démunis d’accéder aux services financiers (pour les migrants par exemple, qui envoient de l’argent à leur famille restée dans leur pays d’origine). Cependant, si la Libra permet des transactions plus simples, allant au-delà des frontières, cela pose également la question des trafics d’argent illégaux (blanchiment d’argent, trafics de drogues, d’armes ou encore d’êtres humains…).

Malgré tous les débats autour du lancement de cette monnaie et toutes les questions de sécurité que cela soulève, il est possible de dire qu’avec Libra, Facebook cherche encore à gagner en puissance, à grandir en englobant toujours plus de domaines et devenir un incontournable aussi bien dans le quotidien de ses utilisateurs où il est déjà bien présent, que dans les systèmes économiques et financiers mondiaux où il est en train de se créer tout un champ libre à occuper.