Ah les stages… Rien qu’au simple énoncé de ce mot à voix haute, je sens d’ici vos poils se hérisser. Réveil matin, machine à café, tableurs Excel, openspace, copier-coller sont sûrement les premières images qui vous viennent en tête. Ne vous inquiétez pas, moi aussi. Il n’en demeure pas moins que le stage est devenu une étape incontournable et imposée à tout étudiant en quête d’un avenir professionnel radieux, tel un péage sur la route encombrée du monde du travail.

Actuellement étudiant en 3ème année dans une école de management du numérique, je n’ai pas coupé à l’exercice du stage estival, à l’instar de l’ensemble de mes collègues “factoriens”. Et comme mon école a pour objectif de nous rendre opérationnels le plus rapidement possible, nous avons le droit au stage de la première à la dernière année d’étude.

En théorie, l’intérêt du stage augmente en corrélation avec le nombre d’années d’études, de même pour les missions confiées.

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Pour la deuxième fois en deux ans, c’est donc 3 jours avant les derniers partiels annonçant le début des vacances d’été, que je finissais à l‘arrache par trouver un stage pour une période de deux mois.

Il s’agissait de travailler pour une marque mode et sport de renommée internationale. Fervant amateur de sport, et ne crachant pas sur le plaisir de bien m’habiller, je ne pouvais rêver mieux ! Du moins, sur le papier.

Car cela allait en réalité se révéler être un parcours semé d’embûches.

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Moi sur un parcours semé d’embuches… ou presque

Laissez-moi partager avec vous les détails de cette expérience.

Petit flashback. Nous sommes le 09 juillet 2013. Je m’apprête, après quelque coup de fils avec la RH et mon futur tuteur, à me rendre dans les locaux de l’Entreprise, afin de rencontrer mes collègues, m’installer et me familiariser avec mon nouveau poste. Vous l’avez sans doute compris, il s’agit là de mon premier jour en tant que stagiaire.

“Tu feras de la contribution web”

m’avait dit la RH par téléphone la veille de mon arrivée.

Des étoiles pleins les yeux, je m’imaginais déjà au cœur de la stratégie digitale de la marque, en train d’apporter mes quelques connaissances au département du E-Commerce avant d’aller prendre un café avec la responsable de la communication social média afin de discuter des actions à mette en place (j’avoue, quelle imagination pour un simple stagiaire en phase de rentrer en 3ème année dans une école, certes prometteuse mais encore en quête de reconnaissance et de notoriété).

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En quête de la sagesse

1er enseignement:

Toujours être au clair, lorsque l’on arrive dans une nouvelle situation professionnelle quelle qu’elle soit, sur les attentes de l’Entreprise ainsi que les notre même si elles passent au second plan (nous ne sommes que des stagiaires). Et au minimum, sans entretien d’embauche, Google est ton ami !

Je découvrais au bout de mon deuxième jour de stage, le métier de contributeur web.

Le contributeur est donc la personne chargée de récupérer tous les textes d’un site dans un fichier Excel, qui pourrait s’apparenter à un compte de résultats de par sa complexité, afin de les injecter page par page dans le site internet à travers le CMS. Les plus connus sont WordPress et Drupal, mais plus le site est grand plus l’entreprise a tendance à personnaliser l’outil. En l’occurrence c’était DemandWare. Mais peu importe.

Une tâche donc en apparence peu complexe, mais répétitive qui exige rigueur et minutie, car la moindre virgule en trop peu engendrer des erreurs sur une page entière. Ce que je n’ai pas tout de suite saisi malgré les recommandations de mon tuteur.

2ème enseignement:

Ne pas croire qu’une tâche facile et répétitive d’apparence peut être effectué de manière désinvolte.

“Seul un homme éclairé sait distinguer le vrai de l’apparence.” disait Frédéric II de Prusse. Je l’ai compris à mes dépends, trop tard.

“50% des emplois qui existent aujourd’hui n’existeront probablement plus demain. Si vous vous former à un métier d’aujourd’hui, vous n’aurez surement pas de job demain.”

Il faut savoir que ce stage intervenait dans un contexte particulier pour l’entreprise.

Je suis arrivé dans cette entreprise dans une période compliquée pour eux. En effet, la refonte du site internet avait pris du retard, et la communication interne entre les différentes équipes était loin d’être optimale. De ce fait, le stress était palpable. Malgré cela, j’ai perçu (à mes dépends) une ambiance de travail au sein de l’équipe plutôt détendue. En bon stagiaire motivé, je suis arrivé en avance par rapport à l’heure initialement prévue le premier jour. En bon stagiaire, j’ai attendu sagement à l’accueil que mon tuteur daigne arriver. En mauvais stagiaire, en voyant mon tuteur débarquer avec 45 minutes de retard, j’ai pris ce cas pour une généralité, et me suis dit que malgré la mission rigoureuse qui m’attendait pour les deux prochains mois, j’aurais au moins le bénéfice de ne pas me soucier excessivement de mon heure d’arrivée.

3ème enseignement:

Ce qui est acceptable pour l’un ne l’est pas forcément pour d’autres. Lorsque le manager peut se permettre d’arriver à l’heure qu’il veut, ceci n’est même pas envisageable pour un stagiaire qui a tout à prouver.

A ce stade mon attention n’était plus à son zénith, et j’étais de moins en moins alerte devant mon écran. Je commençais donc à essuyer de plus en plus de regards en coin dans l’open-space. Principalement des gens avec qui je n’étais pas en relation, et d’autant plus à même de se faire une opinion rapide sur ma personne.

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J’étais vraiment dans la lune…

4ème enseignement:

La forme au service du fond. Les deux font la paire, que ce soit dans le travail comme dans la vie.

“Par l’apparence extérieure, se manifeste l’intérieur.” écrivait Gabriel Meunier. L’attitude (extérieure) doit être le reflet de la motivation (intérieure).

Au fil des jours, je me rendais compte que je ne me mettais pas dans les meilleures conditions pour bien terminer mon stage. Très vite lassé de faire de la contribution, je réfléchissais déjà à la suite. En fin de semaine, j’appelais mon directeur pédagogique qui connaissait personnellement mon tuteur et qui de ce fait, était au courant de ma situation. J’ai donc pris mon courage à deux mains et lui ai fait part de mon souhait de faire autre chose que de la contribution.

“Continue à travailler sérieusement, m’a-t-il dit. Ensuite, tu évoqueras la possibilité de voir d’autres services de l’entreprise.”

Je suis passé directement à la deuxième partie de la phrase, en survolant la première. L’équipe m’a pris pour une personne hautaine, peu sérieuse et qui croit que tout lui est acquis. Nouvelle erreur fatale puisqu’à la fin du premier mois j’étais gentiment raccompagné à la porte.

5ème enseignement:

Remplir sa mission et donner satisfaction avant même de pouvoir envisager légitimement le moment venu une revalorisation de sa position.

Mon directeur m’avait vendu ce stage comme une vraie opportunité professionnelle pour moi, me disant qu’arriver stagiaire dans une entreprise en pleine restructuration me placerait en pole position pour occuper à l’avenir un rôle stratégique dans le projet. Je l’ai compris après coup.

Parce que l’on m’avait mis à un poste difficile et peu épanouissant, parce que je ne me sentais pas à l’aise avec les compétences que demandait cette tâche, parce que l’équipe autour de moi ne m’accordait pas plus d’intérêt que cela, je me suis mis à douter de mes capacités à répondre aux attentes.

Malheureusement, c’est une fois dehors avec le recul que j’ai compris l’ensemble de la situation. J’ai compris qu’excepté le peu d’attrait à mes yeux de la tâche qui m’avait été confiée, la tournure prise par les évènements fut déclenchée par ma personne. Par mon manque de tact dans mes demandes, par mon comportement nonchalant tant en termes d’horaires que d’attitude, par mon insouciance confortée par mes autres collègues stagiaires me répétant que la situation n’était pas si dramatique, je me suis enfoncé dans un océan dans lequel je n’avais pas pied.

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Lorsque des personnes expérimentées vous donnent des conseils, ceux-ci peuvent parfois vous paraître injustes, trop dures, futiles voir non justifiés. Cela peut être le cas. Il ne s’agit pas d’abandonner son esprit critique. Néanmoins, il faut essayer de les assimiler sans forcément les remettre en question.

La sagesse d’un enseignement n’apparaît parfois que plus tard, trop tard, et lorsqu’une expérience vous la renvoie en plein visage, vous n’avez d’autres choix que de l’accepter et vous en souvenir.

Pour moi, le souvenir de ce stage s’est transformé en une leçon de vie. Brutale, certes, mais qui m’a fait énormément avancer. C’est pour ces raisons que j’ai eu envie de la partager avec vous.