Annoncé récemment, décrit comme l’avenir du jeu-vidéo ou encore comme un « laser game sous stéroïdes », The Void ne laisse pas indifférent. Certains chanceux ont déjà eu l’occasion de pénétrer dans le premier « Centre de Divertissement Virtuel », situé dans l’Utah. Leurs retours et réactions semblent bien confirmer ce que promet The Void : une expérience toute nouvelle, mélangeant réalité virtuelle et environnement physique dans lequel les visiteurs peuvent visiter un « nombre infini d’univers ». Équipés d’un casque de réalité virtuelle, d’une veste et de gants, tous fonctionnant grâce à une technologie propriétaire, pourrons-nous bientôt rentrer dans nos jeux-vidéos favoris ? A ce propos, pouvons-nous réellement considérer que The Void représente l’avenir du jeu-vidéo ?

J’ai eu l’occasion de discuter, via Skype, avec Ken Bretschneider et James Jensen, respectivement CEO et CTO de The Void, et c’est à cette question que je leur ai demandé de répondre.

Bonjour, merci déjà de m’accorder de votre temps ! Pourriez-vous dans un premier temps vous présenter ?

James Jensen : Je m’appelle James, et je suis actuellement CTO de The Void. Mon parcours était dans un premier temps axé sur le développement de films et de jeux-vidéo, mais également beaucoup sur le motion tracking, motion design et le compositing. Je me suis par la suite intéressé au développement de jeux pour mobile cette fois-ci. J’ai par ailleurs eu l’occasion de monter quelques boîtes, j’ai été entrepreneur pendant quelques années, et je me suis également essayé à la construction de technos, de hardware. Au fond je me sens artiste. Malgré l’entrepreneuriat, la techno et, plus récemment, la programmation (ce qui est nouveau pour moi), j’ai toujours gardé ce cœur d’artiste. Et puis est venue l’idée de The Void, alors on a rassemblé quelques gars ensemble et on a décidé de s’y mettre

Ken Bretschneider : Quant à moi, je m’appelle Ken et je suis le CEO et fondateur de The Void. J’ai tout d’abord commencé, il y a très longtemps, par de l’animation 3D. J’ai travaillé sur de nombreuses plateformes, Lightwave, Silicon Graphics, j’ai à peu près tout utilisé pour faire de la 3D. Cependant les choses ont beaucoup changé depuis dans ce domaine. Donc j’ai fait énormément de 3D, mais j’ai également fait un peu de développement de jeux-vidéos. Je suis passé de développeur sur la PlayStation au monde d’Internet, de la sécurité, plus précisément. J’ai fondé Digicert, une compagnie qui est aujourd’hui le deuxième plus grand fournisseur de certificats SSL, que j’ai finalement vendue en 2012. Après cela, me considérant moi aussi comme un artiste *rire* je suis retourné à mes racines. Aujourd’hui, mon plus gros projet est… The Void. Projet qui n’était à la base qu’une partie du parc Evermore, que je développe à côté. A la base, c’était censé être une simple attraction, axée sur la réalité virtuelle. Evermore a donc évolué pour donner The Void. Une remarque que l’on s’est tous fait en lançant ce projet : il semble que le monde entier soit passé à côté de cette opportunité. Personne n’a eu l’idée, semble-t-il, de créer le processus complet de réalité virtuelle.  Parce que finalement, c’est quelque chose qu’on ne peut pas accomplir depuis chez soi, on est juste assis, on ne peut pas être totalement immergé dans cette réalité virtuelle. C’est ce qu’on veut faire avec The Void. C’est incroyable, mais c’est sûr. On a déjà un prototype alpha, et c’est déjà très excitant !

Selon vous,  pensez-vous que The Void est l’avenir du jeu-vidéo ? La réalité virtuelle va-t-elle remplacé les jeux-vidéos tels qu’on les connaît ?

James : Non, aucune chance, The Void ne remplacera jamais les jeux-vidéos. Quoi qu’on puisse inventer, on aura toujours les jeux-vidéos, les jeux pour mobiles et autre. C’est plus facile, c’est moins cher, c’est parfois même gratuit aujourd’hui ! Et surtout, ça peut nous détendre *rires* Je dis ça parce que qu’il faut comprendre et imaginer avec The Void c’est que ce n’est pas JUSTE un jeu-vidéo. C’est beaucoup plus. Quand vous entrez dans The Void vous n’avez pas le sentiment de jouer, vous le vivez ! C’est vraiment une toute nouvelle réalité. C’est pas reposant du coup, parce que c’est très intense, on ressent beaucoup de choses. On s’est d’ailleurs rendu compte de quelque chose de très intéressant d’un point de vue psychologique : entrer dans The Void déclenche souvent une légère forme de peur, d’angoisse profonde. Votre cerveau, tout votre être est vraiment convaincu que vous venez subitement de radicalement changer de réalité. Et ça, c’est très perturbant les quelques premières fois. Le niveau de réalisme est difficile à imaginer, sincèrement. Rien de terrifiant bien-sûr, vous pouvez quand même venir *rires* mais par contre c’est beaucoup plus intense. Vraiment. L’autre raison qui me pousse à dire que l’un ne remplacera pas l’autre parce que c’est trop différent, ce sont ces retours que nous avons souvent : beaucoup de journalistes viennent essayer The Void, et lorsqu’ils ressortent reconnaissent qu’ils ne jouent jamais aux jeux-vidéos… mais qu’il passerait leur journée entière dans The Void ! Finalement c’est ce qu’il faut retenir je pense, dans The Void vous jouez pas, vous le faites. Et tout ça, vous ne pouvez pas le faire de chez vous.

Ken : On nous compare souvent à un laser game sous stéroïdes. Non ! Absolument pas, c’est bien plus que cela. Certes, vous avez une arme, dans l’un comme dans l’autre. Mais là vous n’êtes pas simplement dedans, vous le vivez. Il faut imaginer que lorsque vous portez notre veste, si on vous tire dessus, vous allez vraiment ressentir un impact. Bien sûr ça devrait être moins douloureux qu’une vraie arme *rires* mais encore une fois ça rend l’expérience bien plus vraie et déroutante. Là où on se différencie beaucoup des laser games c’est dans le fait qu’on ne propose pas que du FPS. Avec The Void, et la technologie qui va avec, on peut tout à fait imaginer des jeux de puzzles avec des éléments à déplacer. Ou même pourquoi pas une expérience cinématographique ! Imaginez, vous êtes de retour dans le vieux Londres, et vous suivez et aidez Sherlock Holmes, qui peut lui-même être contrôlé par un acteur. The Void, pour rappel, ça signifie « The Vision of Infinite Universe » (La Vision d’un nombre Infini d’Univers). Et ça résume parfaitement ce que c’est. En fait The Void c’est vraiment ça : des possibilités véritablement infinies. Vous entrez dans The Void (le néant), et vous pouvez vous retrouver absolument n’importe où, dans l’espace, dans le temps, dans le passé, dans le futur, une autre dimension, le macro ou le micro univers. On n’a plus de limitations. En fait, d’une certaine manière, à la façon des différentes consoles, des évolutions de ces dernières et autre, ce qu’on veut créer c’est une plateforme physique. Presque une forme d’outil, dont on pourrait se servir pour faire vivre n’importe quoi. Oui c’est ça, une plateforme physique qui pourrait servir à mettre en oeuvre absolument tout. Un nouveau jeu sort ? Pourquoi ne pas rentrer dedans ? Vous étudiez les dinosaures ? Retournez à la préhistoire les observer. The Void c’est une plateforme physique, vers tout. Absolument tout.

Merci beaucoup !

 

Il est donc intéressant de voir ce que peut représenter The Void pour l’avenir du divertissement, mais également de voir que les créateurs ont déjà une idée bien précise de ce que sera The Void dans le futur.
Le premier Centre de Divertissement Virtuel devrait ouvrir ses portes courant Juin, avant de progressivement s’exporter dans tous les Etats-Unis, et dans toute l’Europe et l’Asie.