Préambule: une invention du XXIème siècle ?

En 1899, le record du monde de vitesse était décroché par un véhicule électrique. Compétitif face aux véhicules à moteur jusque dans les années 20, la silencieuse voiture que nous connaissons en grande partie aujourd’hui sous le nom de ZOE a su rester discrète pendant plus d’un siècle. Décriée pour son temps de rechargement et son autonomie, la voiture électrique a du mal à se faire sa place parmi le parc automobile. Laissant ses sœurs hybrides depuis quelques années gagner des parts de marché, le full électrique devient la mode du moment et compte bien s’installer comme la nouvelle norme. Les constructeurs l’affirment, l’avenir est à la voiture électrique, merveille qui ne consomme plus, beauté qui ne pollue plus.

Qui parle de la consommation de ces véhicules ?

Je te dis “Électrique”, tu me réponds “Écologique”.

Si vous me lisez sur votre ordinateur portable, vous êtes en train de consommer entre 50 et 70Wh / cycle de batterie. Mes amis les gamers à la carte graphique dernier cri, entre 250 et 400Wh.

Grossièrement, pour vous donner une petite idée: 1 litre d’essence équivaut à 8800Wh.

Le ratio entre la capacité totale des batteries et la vitesse à laquelle elles se vident donne la consommation du véhicule. Une Tesla a une autonomie maxi de 480km pour une capacité de 70 000Wh soit une consommation de 145Wh/km. Parcourir 1 km en Tesla, reviendrait donc à vider deux fois la batterie de votre ordinateur portable !

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Pressons ! Chaque mot lu vous fait consommer un peu plus désormais ! ;)

La course à l’autonomie étant lancée les constructeurs automobiles prennent le problème à l’envers ; visant une autonomie seuil (300km pour la BMWi3 par exemple) et dimensionnant la taille des batteries autour de ces paramètres. De la Tesla avec ses grosses batteries haute performance, au véhicule urbain maximisant l’encombrement pour réduire le coût, l’autonomie des véhicules peut aller du simple au double.

Là où une voiture à essence consommerait environ 500–700Wh / km, la voiture électrique n’en reste pas moins toujours plus écologique. Qui plus est cette dernière ne rejette pas (ou peu) de CO2, cependant, les batteries lithium sont recyclées qu’à 60% et le réel problème se situe là. Un réel travail sur la composition des batteries a d’ailleurs été engagé, simplement car les réserves de Lithium ne nous permettront pas de démocratiser ce type de voiture. Estimée entre 11 et 16 millions de tonnes (dont seulement 40 % seraient utilisables dans les conditions actuelles), la demande de Lithum a explosé, notamment pour le domaine de l’informatique et de la téléphonie, le prix du lithium est passé d’environ 300 €/tonne à 4 300 €/tonne entre 2003 et 2009 (oui, j’aime les chiffres). En résumé, les constructeurs de batteries explorent de nouvelles pistes technologiques comme celle du zinc-air ou du nickel-zinc afin de parer à la potentielle pénurie de Lithium, et ce n’est qu’un des nombreux problèmes que posent les batteries.

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En Août 2013, convoqués par le jury de déontologie publicitaire, les principaux constructeurs de voitures électriques que sont Renault, Citroën, Opel et Nissan ont dû reconnaître qu’ils ne pouvaient prétendre que ces véhicules étaient “propres” ou même “écologiques”.

Promis, je compenserai en pensant à ta place au volant !

Outre les arguments économiques avancés avec ces voitures derniers cris (bonus écologique, économie réalisée sur le coût du carburant), la marque Tesla a réussi à associer voitures électriques avec haut de gamme. Suivis par d’autres constructeurs comme BMW i ; allant de 35.000€ pour le modèle i3 à 138.000€ pour le i8, j’ai réussi à me procurer le modèle i3 de leur gamme électrique pour la tester.

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Les premières impressions étaient assez déconcertantes, on se croirait au volant d’un karting tant les électriques poussent fort ! Chaque action que l’on fait est assistée par la voiture, chaque objet qui traîne autour est détecté par l’ordinateur de bord, et ce silence… Magique. Il en devient assez difficile de démêler les options de confort, du moteur électrique tant le tout s’harmonise à la perfection. Nous reste seulement l’impression globale d’une voiture complète et agréable. Rapidement, l’envie nous prend de partir rouler tellement la voiture est sympa à conduire, silencieuse, fluide, glissant simplement sur la route. Oups.

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On se rappelle rapidement en passant les yeux sur le compteur que nous n’avons que 170 km d’autonomie avant de devoir nous attacher à un poteau… Alors on a tendance à passer en mode éco puis… éco+, au “cas où” la i3 nous lâche. Finalement, laissons tomber la balade, je n’ai pas envie d’attacher pendant 8 heures, la voiture à la borne Autolib en rentrant, puis retourner la chercher ensuite…

De nouveaux modes de conduite doivent alors se mettre en place, car bien que parfaitement satisfaisante pour une utilisation quotidienne et urbaine, partir en vacances devient vite une épopée, il est nécessaire de prévoir toutes les étapes du voyage (quand s’arrêter, où s’arrêter et surtout prier pour que Jacky et sa Subaru ne soit pas installés à l’unique place disponible…).

Récemment, Tesla a déployé sur une partie de sa flotte le pilotage automatique, capable de rouler par lui même, s’arrêter, redémarrer, déboîter et doubler. De nombreuses vidéos ont fait leur apparition sur le net, mais l’option reste toutefois interdite dans de nombreux pays (dont la France). Se posent alors différents problèmes de législation, voir d’éthique pour les algorithmes gérant ça, car nombreuses sont les entreprises souhaitant se positionner sur ce créneau.

La voiture électrique, le hub à innovation automobile ?

Des constructeurs comme Renault se lancent dans des voitures électriques plus classiques, axées grand public comme la ZOE. Toutefois, certains constructeurs semblent utiliser la voiture électrique comme prétexte pour y tester toutes sortes d’innovations automobiles. Même si la voiture électrique semble avoir de beaux jours devant elle, prévoir à 2050 que 40% du parc automobile sera hybride (selon Shell) semble être un peu présomptueux quand on observe à quel point les choses ont évolué en l’espace de 15 ans et les innovations quotidiennes qui en dégorgent s’installent rapidement comme la voiture à air comprimé.