En plein coeur de Paris, un endroit rassemble centre d’hébergement et start-ups, mais également camping ainsi que studios d’artiste… Bienvenue chez Les Grands Voisins ! Dans l’ancien hôpital Saint-Vincent-de-Paul, trois hectares rassemblent partage, bonne humeur et solidarité !

Initialement lancé en 2014 par trois associations (Aurore, Yes We Camp et Plateau Urbain) ce projet éphémère a pris vie pas à pas. L’objectif ? Proposer un centre d’hébergement d’urgence sur le modèle d’un village. Pour accomplir cette lourde tâche, le site met à disposition tout un tas d’installations accessibles aux habitants mais pas que… Bars, restaurants et magasins ont été construits afin d’attirer la foule et de créer un afflux de personnes. Ici, les plus démunis, les patrons de start-ups et les petit curieux se côtoient quotidiennement.

Les boutiques des Grands Voisins

Les boutiques des Grands Voisins

Installé au 82 Avenue Denfert-Rochereau, le site ne paye pas de mine. L’entrée fait pâle figure ! L’hôpital semble à l’abandon, digne d’un terrain de chasse pour les amateurs d’urbex. Nonobstant, en avançant un peu, des constructions vieilles de plus d’un siècle se sont reconverties en véritables œuvres d’art de pop culture. Après avoir fait le tour du complexe, on se croirait tout droit sorti d’un roman surréaliste. Coloré et survitaminé, le site est un véritable petit village autosuffisant.

Ce qui frappe dans un second temps, ce sont toutes ces entreprises qui cohabitent les unes à côté des autres. À en croire Ali Erhouni, patron de Firefly Media Sénégal, qui loue une place dans un des espaces de coworking, Les Grands Voisins offre aussi leur chance aux petits entrepreneurs :

Citation d’Ali Erhouni, fondateur de la start-up Firefly Media Sénégal

Citation d’Ali Erhouni, fondateur de la start-up Firefly Media Sénégal

Néanmoins, un facteur du lieu semble manquer à l’appel. Les personnes habitant ici à la recherche d’une nouvelle vie semblent complètement déconnectées du monde qui les entoure. Un peu comme si ces derniers ne s’intégraient pas au décor. Il suffit de discuter avec certaines personnes sur le site afin de comprendre qu’il existe une scission culturelle et sociale assez importante. Félix Beaulieu, cofondateur de On Purpose est conscient du problème, mais reste intimement persuadé qu’avec un peu de temps le problème se résoudra de lui-même.

Un second visage parfois acerbe

Joseph, un immigré du Nigéria, locataire depuis plus d’un an dans ce qui était anciennement l’aile psychiatrique de l’hôpital, semble ne pas partager le même avis que Felix Beaulieu au sujet des problèmes rencontrés :

Par la suite, il explique que les associations ne s’occupent que de l’hôpital, sans vraiment se soucier des habitants à la recherche d’un emploi, parfois perdus dans les démarches administratives.

Son témoignage est déroutant ! En le croyant sur parole, Les Grands Voisins souffre d’un mal inapparent. Seulement il suffit de papoter avec d’autres locaux pour comprendre que son avis ne fait pas l’unanimité. Sans conteste, la majorité des personnes en réinsertion tiennent un discours plus mesuré. Mais un sentiment d’abandon semble subsister sur tous ces individus. Parfois à tort, comme nous témoigne Madame Bombia:

“Certains ne pensent qu’à dormir et ne font aucun effort pour travailler ! J’ai cinq enfants et mon mari est mort. Les Grands Voisins m’ont proposé un logement et un travail : préparer et vendre des plats ainsi que des boissons en me fournissant tout ce dont j’ai besoin!”

Compliqué de reconnaître le vrai du faux, les témoignages divergents. Toujours est-il que Les Grands Voisins semble souffrir d’une légère bipolarité. Derrière toute cette apparence festive et cette implication, il persiste un arrière-goût d’une réalité parfois amère.

Malgré quelques réglages instable, sûrement par manque de moyens, les organisations ne semblent pas démériter en dépit du caractère éphémère du projet. Toujours est-il que Les Grands Voisins est une aubaine pour les artisans, start-ups et personnes en situation difficile, n’en déplaise aux sceptiques… En visitant Saint-Vincent-de-Paul vous allez vagabonder dans une véritable utopie qui malheureusement semble se perdre en route. Nonobstant, on repart de cet endroit le coeur léger et l’esprit rêveur…

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Notre aventure

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[Encadré] Mon premier bureau

Interview de Benoît Delol, fondateur de l’espace de co-working “Mon Premier Bureau”

Parmi les initiatives solidaires accueillies sur le site des Grands Voisins se trouve l’espace Mon Premier Bureau. Ce coworking pas comme les autres propose des bureaux pour 99 euros par mois. Cette offre pour le moins inédite à Paris n’est pas anodine. Les membres de l’espace sont tous des travailleurs dont les revenus ne permettent normalement pas de s’offrir une place dans ce genre de structure. Le but est ici de faciliter la vie des entrepreneurs afin d’encourager la création d’entreprises. Benoit Delol , journaliste et porteur du projet à titre bénévole, espère pouvoir développer l’initiative après la fermeture du site des nouveaux voisins d’ici un an. En attendant, il s’engage à proposer les prix les moins chers de Paris, et c’est plutôt réussi !

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[box type= »note » ]Cet article a été réalisé, dans le cadre du cours de Rédaction Web à La Web School avec Gayané Adourian, par : Théo Pornin / Adley Salabi / Maxime Schneider / Karla Siguenza / Stéfane To.[/box]