« En 2016, un internaute sur trois avoue avoir regarder du contenu illicitement sur internet. »

Hadopi l’a dit dans un communiqué de presse, la consommation de contenu illégale n’a de cesse de grandir et touche de plus en plus de personne. Cette pratique qui consiste à passer par un site en ligne sur Internet pour avoir accès à un fichier (audio, video, livre…) et le lire de manière totalement gratuite, et donc illégale. Malgré l’essor des plateformes de streaming tel que Netflix ou Amazon Prime, le nombre d’internautes passant à la fois par des offres légales et illégales s’élèvent à 23%. Au-delà d’une simple mode de consommation, le téléchargement illégal peut prendre bien des aspects et avoir de nombreux impacts aujourd’hui. Quels sont-ils ?

1- Les différentes formes de téléchargement illégal

Aujourd’hui, c’est un peu chacun sa technique. En vue des chiffres énoncés plus haut, les chances que vous ayez déjà consommé un contenu de manière illicite sont plutôt grandes. Pas d’inquiétude, cet article n’est absolument pas là pour faire culpabiliser qui que ce soit, mais juste pour prendre conscience de ce qui se passe derrière un simple clic. Commençons par les types de téléchargement illégal.

Il y en a trois :

  • Le téléchargement direct : je télécharge à partir d’Internet un fichier et je l’installe sur mon disque dur.

Pas trop compliqué à comprendre, votre ordinateur échange avec un serveur pour que celui-ci lui transmette un fichier.

  • Le streaming :  je regarde un contenu sur Internet sans le télécharger sur mon disque dur.

Légalement ou illégalement, le streaming est un moyen de consommer un contenu en le téléchargeant et on commence à le regarder avant la fin de ce téléchargement, donnant cette impression de live.

  • Le Peer to peer : je télécharge des données, un contenu, et je le partage à d’autres serveurs qui sont en train de le télécharger en même temps.

Cette technique est un peu différente des deux précédentes puisqu’au lieu d’échanger avec un serveur uniquement, votre ordinateur échange avec plusieurs ordinateurs eux-mêmes en plein téléchargement qui ont donc tous accès à votre adresse IP.

Le Peer to peer est le seul moyen de téléchargement contre lequel Hadopi est capable de lutter. Rappelons qu’Hadopi est système lancé pour lutter contre le téléchargement illégal, même si dans les faits, il n’est pas capable de tout traquer.

De plus, on ne parle de téléchargement illégal que lorsque le contenu partagé et/ou téléchargé est soumis à la protection du Copyright.

2- L’impact du téléchargement illégal

À l’apparition d’Internet et des premières méthodes de téléchargement, la sonnette d’alarme a vite été tirée. En effet, télécharger un contenu ou le consommer gratuitement sur Internet de façon illicite, c’est un peu comme si vous voliez un DVD dans un magasin ou que vous entriez sans payer dans le cinéma. Non, en fait, c’est un peu plus complexe, parce que ce n’est pas vous qui mettez à disposition de tous ce contenu. Vous, vous ne faites que le consommer et profiter de ce généreux geste. Généreux, oui, mais à quel prix.

Légalement, les internautes ne sont pas considérés comme coupables de piratage, il n’est pas non plus complice de ce délit. Cependant, il peut être accuser de receler, ce qui dans la loi est puni pour avoir dissimulé, détenu ou transmis une chose tout en sachant que cette chose a été obtenue de façon illégale. Grosso modo, consommer un fichier qui a été piraté tout en en étant parfaitement conscient fait de vous un receleur et donc quelqu’un de préjudiciable. Et ça, beaucoup n’y pense pas. Même si, là encore, dans les faits, la loi émet encore des réserves à ce sujet et que la majorité des utilisateurs de ce type de plateformes a peu de chance de se faire accuser d’un délit, il ne faut pas pour autant oublier que ce téléchargement reste contraire au droit d’auteur et qu’il ne s’agit pas simplement d’une pratique anodine. Beaucoup d’entre nous télécharge ou regarde en streaming des contenus comme si c’était la norme, alors que c’est une fraude. Just a reminder.

Toujours pour les internautes, les plateformes de streaming ou de téléchargement ne sont pas les plus sures. Une autre étude d’Hadopi parue en juin 2017 nous mettait en garde contre les ramsomwares et les malwares (virus). Même si bien souvent, cela s’arrête à des pubs ou des fichiers tendancieux, parfois les conséquences peuvent être plus sérieuses, comme des vols de coordonnées bancaires, l’usurpation d’identité ou des moyens de paiement… Selon une étude, une nouvelle infection aurait lieu toutes les 18 secondes dans le monde.

Autre impact, et cette fois-ci pas pour l’utilisateur, mais pour les industries. La musique, le cinéma, toutes la chaine du disque et du DVD, ont vu dans le téléchargement illégal une grande menace pour leur business. En effet, comme je le disais plus haut, vous ne payez pas, et si vous ne payez pas, ça fait moins d’argent dans la caisse à l’arrivée. En 2008, les pays de l’Union Européenne auraient perdu 9,9 milliards d’euros à cause du piratage, ce qui aurait occasionné la suppression de 186 400 emplois dans les secteurs de la création.

Cependant, une étude menée au Minnesota et nommée « la main invisible du piratage » a démontré que le téléchargement illégal pouvait avoir un impact positif aussi bien pour les auditeurs que pour les créateurs, car « le piratage ferait baisser les prix en obligeant les distributeurs à revoir leurs tarifs et à proposer des offres de meilleure qualité. Cette autorégulation serait un cercle vertueux puisque les prix bas dissuadent les consommateurs de frauder. Pour donner quelques chiffres, entre 2000 et 2009, malgré la montée du piratage, la production de films et d’album a triplé, et en 2014, la fréquentation des salles de cinéma aurait augmenté de 9%.

Selon certains spécialistes, il faudrait même tolérer un certain niveau de piratage puisqu’il permettrait à des contenus comme les séries qui débutent de trouver un public, public qui une fois séduit, serait plus volontaire à débourser pour poursuivre son visionnage. Finalement, le piratage n’impacterait pas directement les industries mais provoqueraient un « déplacement des ventes », un report. Je teste d’abord, puis je paye pour regarder de manière plus confortable. Avec les arrivées des plateformes comme Netflix, dont le nombre d’abonnements ne cesse d’augmenter grâce à un prix bas, on voit apparaitre un double schéma, où les utilisateurs consomment à la fois le contenu illicitement, mais aussi légalement, pour toujours avoir un contenu diversifié.

Voilà ce qu’il est actuellement possible de dire sur le téléchargement illégal. Même s’il induit des risques de préjudices pour fraude et recel, mais aussi un risque pour la sécurité personnelle, il est aujourd’hui bien ancré dans les pratiques courantes. Musique, série, cinéma, livre, tous ces secteurs soumis au droit d’auteur et qui doivent lutter pour protéger leurs œuvres sont confrontés depuis des années à cette montée en puissance des plateformes diffusant du contenu illicitement. Mais avec l’arrivée des plateformes de streaming, on peut voir que les internautes sont de plus en plus enclins à payer un abonnement et à consommer des contenus légalement. Le téléchargement illégal a encore de longues années devant lui avant que le phénomène Netflix n’en vienne à bout.