Depuis quelques années, les politiques ont annoncé vouloir intégrer ces nouvelles technologies dans l’enseignement, dans un contexte pédagogique donc, afin d’aider à la fois enseignants et élèves, les premiers dans la gestion de leur métier, les autres dans leur appréhension d’un monde où le numérique prend toujours plus de place. Cependant, malgré les promesses faites et les intentions de progrès, il semblerait que rien n’avance vraiment, en démontre la crise actuelle liée au coronavirus où la mise en place d’une école à distance s’est montrée complètement inefficiante, voire inexistante dans la majorité des cas. Pourquoi, alors que la technologie ne cesse de s’améliorer, celle-ci n’arrive pas encore à franchir les barrières de l’école ?

TICE, c’est quoi ?

TICE = technologies de l’information et de la communication pour l’enseignement.

Ces technologies regroupent l’ensemble des outils et des services numériques qui peuvent être utilisée dans le cadre de l’éducation et de l’enseignement. Le but de ces dernières est de proposer de nouveaux moyens d’apprendre. On parle plus couramment d’éducation numérique ou de numérique éducatif.

Aujourd’hui, beaucoup d’outils, de services et de logiciels à destination de l’apprentissage des enfants se développent. Leur nombre augmente constamment et rapidement. On parle aussi bien d’application a but pédagogique que d’outils ou d’interfaces pouvant être utilisées, comme les tableaux interactifs ou les tablettes.

Le but des TICE est familiariser les enfants à la technologie, qu’ils n’en aient pas peur mais qu’ils aient toutes les connaissances requises pour s’en servir correctement. Leur enseigner les bonnes pratiques, comme l’usage de mot de passe, les risques de virus, la protection des données… Pour ça, on les met en contact avec ces technologies dans un cadre contrôlé qu’est l’école, on les initie.

Quels sont les bienfaits d’un numérique éducatif ?

Le programme d’éducation numérique serait un moyen pour l’école d’offrir aux enfants une opportunité équitable face au monde du numérique. En effet, il est aujourd’hui devenu indispensable de savoir utiliser et comprendre un ordinateur ou un téléphone. Ces compétences sont devenues aussi importantes, voire plus dans certains cas, que l’orthographe. Ce sont des notions de base de la vie courante. Ainsi, en se plaçant une fois de plus comme un lieu d’apprentissage de la vie, l’école se doit d’enseigner à ses élèves les clés pour appréhender ce monde numérique et leur transmettre les bonnes pratiques.

https://www.ne.ch/medias/Documents/19/11/19032_Rapport_education_numerique.pdf

https://www.ne.ch/medias/Documents/19/11/19032_Rapport_education_numerique.pdf

Une des forces du passage au numérique est l’inclusivité dans les classes, surtout pour les élèves en situation de handicap. Les outils et applications se déclinent sous plusieurs formes et peuvent être adaptées en cas de besoin, ce qui permet à un élève en difficulté d’avoir un outil qui lui est propre et de travailler d’en de bonnes conditions. Pareil pour le problème de « niveau social ». Dans certaine famille, acheter un ordinateur à son enfant est loin d’être une chose possible pour des questions de budgets, alors mettre les ordinateurs à l’école, là où tous les enfants doivent se rendre, serait un excellent moyen de mettre chaque enfant en contact avec la technologie et instaurerait plus d’équité. Cela réduit les disparités entre élèves en leur donnant les mêmes chances.

Les principaux atouts pour les enfants :

  • Développement de l’autonomie
  • Développement de compétences dites « soft-skills », comme la capacité à faire de la veille ou à communiquer avec les autres
  • Inclusivité et équité
  • Favorisation de la créativité et de la prise d’initiative

Et pour l’enseignant, celui-ci voit émerger une nouvelle forme de pédagogie où ses élèves sont plus indépendants, lui laissant donc plus de temps pour aider ceux qui pourraient avoir des difficultés. Pouvoir retranscrire ses cours en ligne lui permet de transmettre aux absents ce qu’ils ont à faire, il peut également plus facilement échanger avec les parents d’élèves.

On sait aujourd’hui que les enseignants travaillent généralement plus que des travailleurs en entreprises, car en plus de l’enseignement en classe, qui prend 75% de leur temps dédié au travail, le reste se fait bien souvent de chez lui et concerne à la fois la préparation de ses cours mais également des tâches administratives. Leur proposer des outils numériques qui pourraient les aider dans la gestion de ces tâches leur feraient gagner un temps considérable qu’ils pourraient mettre à profit auprès des élèves ou dans des formations complémentaires. Ce serait un atout majeur pour eux que d’être accompagnés dans leur travail quotidien, en classe dans des activités qui le permettent, ou de chez eux dans les domaines de la gestion.

Une mise en application compliquée

Malheureusement, dans les faits, la mise en place d’un plan dédié au numérique éducatif n’arrive pas à se faire, malgré de nombreuses tentatives. En fait, s’il peut paraitre simple au premier abord, ce sujet est assez épineux. Il soulève plusieurs questions, notamment d’intégration, de changements de pédagogie, ou encore de formation.

Le principal problème réside dans la gestion politique de la chose. Les premières déclarations officielles remontent à plusieurs années maintenant, avec des premières idées prometteuses. Sauf qu’entre temps, les plans ont évolué en fonction des ministres, et cela s’est fait d’une façon incohérente, donnant lieu à des retards ou tout simplement, à un report sans date fixée. Les potentielles tentatives ne se mettent jamais en place. Il y a plusieurs raisons à cela, dont des restrictions budgétaires et des différends politiques.

Mais le plus gros ennemi du numérique éducatif reste la disparité. Étonnant quand plus haut je vous disais que celui-ci pouvait palier les inégalités entre les élèves d’une même classe en leur donnant accès aux mêmes outils. Oui, mais ça, c’est ce qui se passe quand on regarde avec la plus petite échelle, celle d’une classe équipée avec des élèves et des enseignants à l’aise avec la technologie, or, nous n’y sommes pas encore. En réalité, si l’on regarde plus largement le sujet, on comprend pour

Première disparité, la disparité territoriale. En effet, en ce qui concerne les ressources financières et matérielles, tous les départements, toutes les régions, ne sont pas logés à la même enseigne. Des régions comme l’Ile de France possède bien plus de moyens pour investir dans des plans visant à développer la culture numérique auprès du système éducatif qu’une autre région moins dynamique. Au sein même d’une région ou d’un département, il peut y avoir des disparités. La frontière entre urbain et rural se creuse quand on en vient à ce genre de sujet. Une petite école dans un village de campagne ne bénéficie bien souvent pas des mêmes aides qu’un établissement proche d’un centre-ville. L’investissement dans tous les cas seraient très lourds et pas toutes les collectivités peuvent se permettre de le faire.

Et quand est-il du public et du privé ? Ces deux entités ne se gèrent pas de la même façon, le financement diffère, et donc l’accès aux matériels et aux enseignements. Mais à la fin, les élèves sortants seront tous à la recherche d’un emploi ou d’une université, peu importe d’où ils viennent, et ceux qui auront reçu une formation au numérique se verront forcément favorisés. Il faut donc trouver un plan qui mettra en place des actions qui pourront contrer à la fois les inégalités entre les territoires, mais également celles entre les écoles pour que chaque élève ait bien les mêmes chances. On ne peut pas encourager un plan éducatif qui valoriserait certains enfants et en défavoriserait d’autres.

La deuxième disparité majeure concerne l’humain. Tout le monde n’est pas à l’aise à cent pour cent avec la technologie. Quand certains enseignements maitrisent déjà ce sujet par eux-mêmes, en apprenant au quotidien, d’autres n’ont pas cette habitude et se contentent des quelques bases que n’importe lequel d’entre nous pourraient avoir. Si l’on demandait tout de suite aux enseignants d’instaurer des cours sur le numérique dans leur programme, on verrait naitre une grosse inégalité entre ceux qui s’y connaissent et ceux qui ne s’y connaissent pas. Il faudrait donc mettre en place des formations. Seulement se former demande du temps, un investissement en plus pour les instituteurs, un temps qui ne sera pas pris en charge par leur supérieur comme cela serait le cas dans une entreprise. C’est un effort en plus, et même si la plupart sont ouverts à l’idée de faire des formations, ils se retrouvent bien souvent dos au mur et doivent faire passer leur travail en priorité.

Dans un monde où le numérique prend de plus en plus d’importance, il est évident que l’approche de la technologie auprès des plus jeunes est un sujet important. Même si celui-ci se montre complexe sur bien des aspects, il ne faut pas le négliger, car il est une porte ouverte à un grand nombre d’innovations. Si rien n’a encore été mis en place, alors c’est que cette place est vide et qu’il y a tout à gagner à s’y investir. Les enfants connaissent déjà la technologie, ils l’utilisent pour s’amuser, ils pourraient très bien s’en servir pour apprendre.